Chères lectrices et chers lecteurs, votre magazine Découverte vous invite à vous laisser porter par les mots. Aucun bon plan dans ce texte, ni de top 10 des attractions touristiques. Simplement une belle déclaration d’amour à une cité antique. Avec une sensibilité exacerbée, Philippe Monnier nous invite à prendre le large à bord d’un navire de papier pour jeter l’encre sur les p(l)ages blanches de Syracuse.
Syracuse
À l’ombre d’une île, tu as construit ta grandeur. Toi qui, au sommet de la gloire, chuta dans la décadence et l’obsolescence programmée de tout génie.
Malgré la chute de l’empire, malgré le temps qui passe inlassablement sur ton rayonnement passé, tu demeures un roc, une trace indélébile dans l’Histoire, et une cicatrice dans la mémoire des hommes.
Syracuse
Le vent balaie tes côtes déchirées par les multiples assauts qui ensanglantèrent ton histoire trépidante et tragique.
De vertiges en vestiges, ton illustre histoire illustre les siècles de civilisations érudites, terrassées par des batailles sans merci.
Syracuse
Les vagues caressent ton rivage meurtri par les tempêtes et les assauts. Elles apparaissent dans le lointain, déferlent et viennent s’échouer, comme un bateau ivre, dans un ralenti cinématique étudié.
Syracuse
Un jour viendra où, tel un phénix, tu renaîtras de tes cendres. Dans la chronologie des siècles qui sombrent dans l’oubli, tu t’exhumeras des limbes et ta lumière rejaillira soudain, pour éclabousser le monde de ton aura munificente.
Syracuse
Un séisme, une secousse engloutiront tout. Temples oubliés, vestiges de la nuit des temps, témoins de croyances étiolées, de pulsions assouvies et de dieux déchus, tu fus l’instigatrice de tant d’épopées sanglantes en Mare Nostrum qu’il paraît incroyable que ses eaux aient un jour retrouvé leur azur limpide.
Syracuse
Ton nom me hante. Depuis toujours. Un mystère insondable qui m’appelle. Sans tourment. Je vois en rêve les ruines de ton empire glisser vers les flots. Comme si la mer avait décidé de te ravir pour recréer ta splendeur dans les tréfonds de ses eaux turquoises. L’Atlantide.
Syracuse
Un jour, je foulerai ton sol sacré. J’irai me recueillir sur les ruines de ta splendeur passée. Je viendrai puiser dans ton âme écorchée les secrets de ta grandeur et de ta chute. Car, c’est ainsi que tout va. Pour toujours et à jamais.
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