Après le succès de son premier livre pour enfants Le hamster d’Amsterdam, Philippe Monnier publie aux Éditions La Californie Si loin de l’Atlantide, une odyssée poétique en mots, images et musique. L’écrivain et journaliste nous offre une immersion dans un mythe bien rôdé, mais avec une approche diamétralement opposée aux théories en vogue. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais, force est de constater qu’on est bien loin du cours de plongée! Au delà des mots, des notes et des couleurs, Philippe Monnier nous embarque, sans sommation, dans un univers inspirant et déroutant. Pourquoi déroutant? Parce qu’il se livre sans faux-semblants et exprime des pensées qui nous ont un jour traversé l’esprit, sans que nous cherchions forcément à les comprendre.
Si loin de l’Atlantide, un pari audacieux?
Lisa Hueber : Philippe Monnier, n’est-il pas un peu trop audacieux – pour un premier ouvrage – de s’embarquer dans un mythe aussi vu et revu que l’Atlantide?
Audacieux ou suicidaire, je ne sais pas! Mais si l’Atlantide a si souvent fait l’objet d’explorations et de théories plus ou moins saugrenues, c’est parce qu’elle fascine encore et toujours. Le thème est sans doute inépuisable! Et puis, le livre s’intitule Si loin de l’Atlantide, ce qui induit une distance par rapport au mythe et à ses interprétations diverses. À dire vrai, je parle très peu de l’Atlantide, mais j’y évoque des thèmes et des pensées qui me tiennent à coeur et qui guident ma vie.
Après, qu’il connaisse un succès retentissant ou un flop ouaté, peu importe. Mais, les premiers retours indiquent qu’il parvient à toucher le cœur et la sensibilité des lectrices et lecteurs, et ça, c’est le plus important. Si loin de l’Atlantide fait partie de la collection Les livres qui font du bien. J’espère qu’il remplit son rôle ! Et puis, ne dit-on pas que « la chance sourit aux audacieux » ?
quand on ressent une énergie bienveillante qui nous pousse, eh bien il faut y aller et oser le grand plongeon.
Vous aimez prendre des risques?
Oui, mais des risques calculés. L’audace n’est pas un acte irréfléchi, loin de là! Quand on est dans le vrai, quand on ressent une énergie bienveillante qui nous pousse, eh bien il faut y aller et oser le grand plongeon. Et c’est ce type d’audace qui conduit à l’accomplissement de soi et quelque part, à une certaine forme de bonheur.
La quête du bonheur
On vit dans une société qui nous vend du plaisir en nous faisant croire que c’est du bonheur.
Justement, le bonheur est un sujet récurrent chez vous ?
Oui, la quête du bonheur principalement. Parce qu’on poursuit tous une quête effrénée du bonheur. Mais, parfois, on ne sait pas où chercher, ou alors on l’espère là où il n’est pas. La première question à se poser est la suivante : qu’est ce qui me rend heureux ou qu’est ce qui pourrait me rendre heureux? la société de consommation nous parasite avec des promesses ignobles. Les prétendus marchands de bonheur ne dealent que de la frustration. Et tout ça est relayé à l’infini par les réseaux sociaux, ces repaires sinistres pour les âmes en perdition…
Au fond, le bonheur, c’est quoi ?
le bonheur est une sensation de plénitude
qui dure et nous transporte,
une alchimie qui nous rend profondément heureux.
Pour le savoir, je vous conseille de lire Du bonheur de Frédéric Lenoir. On vit dans une société qui nous vend du plaisir en nous faisant croire que c’est du bonheur. Le plaisir est fugace: c’est une étincelle qui nous apporte une satisfaction instantanée mais qui s’efface rapidement. Alors que le bonheur est une sensation de plénitude qui dure et nous transporte, une alchimie qui nous rend profondément heureux.
Le bonheur, c’est être en accord avec soi-même. Ne plus porter un masque et un uniforme derrière lesquels on se cache mais aussi derrière lesquels on se meurt… Le bonheur, c’est de construire une vie qu’on aimera, un monde dans lequel on sera heureux de se réveiller chaque matin, une famille et des amis qui nous portent, loin de ceux qui veulent nous torpiller.
Le bonheur est fugace et souvent, on n’en prend conscience que lorsqu’il s’est enfui. Et on a beau partir à la recherche du temps perdu, on ne le retrouve jamais. Alors, il faut apprendre à le saisir lorsqu’il nous frôle et surtout, à l’apprécier à 200%, parce que rien ne dure jamais…
Sauf l’amour… c’est ce que dit la couverture de votre livre…?
Oui. Sauf l’amour. Parce que l’amour nous étreint et nous emporte dans une dimension que nous n’atteignons que lorsque notre cœur bat au rythme de l’autre.
Si loin de l’Atlantide, un livre poétique? Philosophique?
Mais, pourquoi l’Atlantide ?
Parce que c’est un mythe qui m’a toujours fasciné. Et plutôt que de partir à sa recherche au fond des mers (je suis un piètre plongeur), j’ai commencé à réfléchir et à me dire que, si depuis tous ces siècles on ne l’a pas retrouvée, c’est que l’Atlantide -comme la vérité- est ailleurs. D’où le titre!
Et dans ce livre, l’Atlantide, le mythe, s’efface pour laisser la place au « chuchotement d’un esprit universel« . En ce sens, ce n’est pas un livre sur l’Atlantide à proprement parler. C’est un recueil de textes, pensées, chansons et photos qui explorent les chemins de nos vies, les méandres de nos âmes par des sujets aussi hétéroclites que l’absence, le bonheur, la route, la quête du bonheur…
Il est parfois nécessaire d’abandonner des choses,
des gens, des situations pour continuer à avancer
et vivre la vie qui est faite pour nous.
Où ?
La réponse est dans le livre! (Rires) Si je devais résumer en une idée simple, je dirais qu’il est parfois nécessaire d’abandonner des choses, des gens, des situations pour continuer à avancer et vivre la vie qui est faite pour nous. C’est en ça que « rien ne dure jamais » (NDLR: référence à la couverture arrière du livre). On passe parfois sa vie à tenter de garder artificiellement intacte une relation, une personne ou un joli décor bien cossu dans notre vie, comme un taxidermiste avec un animal empaillé, mais ça ne fonctionne pas : Choupette n’aboiera plus et Sue Ellen se noiera dans l’alcool (ou dans Netflix) pour oublier la morosité de sa vie.
Car, force est de reconnaître que le changement est une source d’angoisse mais, au final, la peur d’avoir mal est pire que le mal en soi.
Je ne cherche pas à avoir raison,
mais à être dans le vrai.
Tout simplement.
Sortir de la case
Justement : c’est un peu difficile de classifier ce livre dans un genre. On oscille entre le développement personnel, la philosophie, la poésie et la littérature feelgood, c’est à peu près ça?
Je déteste être mis dans une case (Rires)! Il y en a que ça rassure, moi, ça m’angoisse car je me sens prisonnier. Si l’on considère que la philosophie est l’« ensemble des questions que l’être humain peut se poser sur lui-même », on peut considérer mon ouvrage comme « philosophique ». Si on se réfère à ma note au bac, je ne peux résolument pas y prétendre!
En fait, j’explore -en toute humilité- des questionnements que tout le monde se pose a un moment de son existence : est-ce que ma vie a du sens? Suis-je en accord avec moi-même? Où sont passés mes rêves d’enfant? Les construis-je chaque jour ou les ai-je enterrés bien profondément avec mes illusions perdues et mes petites voitures Majorette? Je ne donne pas de réponse ou de recette, car c’est à chacun de les trouver. Je ne cherche pas à avoir raison, mais à être dans le vrai. Tout simplement.
Comment vous est venue l’envie d’écrire Si loin de l’Atlantide?
Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup, qui pense sans cesse à plein de choses! Quand ces pensées me happent, j’aime les suivre car je pars dans une aventure dont je ne connais pas l’issue. Et lorsqu’on pense ou lorsqu’on rêve, on ne s’ennuie pas et surtout, on n’est pas seul: je noue de longs dialogues avec moi-même, je m’écoute, je m’interroge, me remets en question. Je joue l’avocat du diable pour affiner encore plus cette pensée. Et parfois, j’écris tout ça et à la fin, j’en fais un livre qui s’appelle Si loin de l’Atlantide.
J’aimerais que les lecteurs soient transportés par mes écrits, mais dans leur propre univers, dans des pérégrinations intimes qui leur font du bien.
Ça paraît simple, effectivement! Pour qui écrivez-vous ces textes?
J’écris pour moi, bien entendu, mais j’aime à me laisser rêver qu’à la lecture d’une phrase, quelqu’un dans l’univers se dira « ouah, mais il a écrit ça pour moi car c’est exactement ce que je pense! » ou alors « je n’avais jamais pensé à ça de cette manière, avec cette approche mais j’aime cet angle de vue qui ouvre de nouvelles perspectives que je n’imaginais pas ». J’aimerais que les lecteurs soient transportés par mes écrits, mais dans leur propre univers, dans des pérégrinations intimes qui leur font du bien.
Les livres qui font du bien
Ce livre est un peu un OVNI, non ?
C’est vous qui le dites ! Mais pour moi, c’est un beau compliment. Ça prouve que son approche n’est pas forcément automatique et demande de laisser de côté ses pensées préformatées pour l’aborder sans aucune arrière-pensée, sans à-priori. Cette réflexion me fait penser à la chanson de Christophe « Emporte-moi »: il faut apprendre à lâcher prise et se laisser porter.
Et je préfère qu’on me dise « c’est un OVNI » plutôt que « ce bouquin, j’ai l’impression de l’avoir déjà lu trente fois ». Et c’est là l’essence-même de l’approche des Éditions La Californie: publier des ouvrages intelligents et de qualité sur le développement personnel. Aujourd’hui, on a l’impression qu’il suffit de trouver un bon sujet pour en faire une doctrine qu’on va marteler à grands coups de marketing en disant «c’est la méthode infaillible pour être heureux». Il n’y a pas de recette miracle, ni de leçon, ni de tuto. Comme le dit si bien Vanessa Ritter, auteure de l’ouvrage La nutrithér-HAPPY, manger mieux ça rend heureux, nous plantons des graines dans l’esprit des lecteurs. Ensuite, c’est à eux d’agir pour que cette graine pousse (ou pas) et devienne une jeune pousse, puis un arbre qui donnera ensuite des fruits qui nous nourriront pour le restant de notre vie. Nous ne sommes pas des gourous autoproclamés, comme tous ces prétendus coachs qui affirment changer votre vie alors que la leur est souvent peu reluisante!
Peut-on voir l’Atlantide comme une quête?
Absolument! Avec le recul, je me rends compte que j’ai suivi le précepte de l’Alchimiste (NDLR: le best seller de Paolo Coelho) qui part au bout du monde à la recherche d’un trésor qu’il finit par trouver, mais pas du tout où il l’avait espéré. Toutefois, au cours de son odyssée, il a découvert mille autres trésors. Eh bien, j’ai suivi le même cheminement et cela résume bien ma vision de la vie.
Je souhaite initier une réflexion, une rêverie, un souvenir, un projet, une envie… Et ça fonctionne!
Qu’offrez-vous au lecteur? Une prise de conscience? Un moment de détente?
Un moment avec soi, un dialogue avec son moi profond qui n’a peut-être pas été dérangé ou secoué depuis longtemps. Je souhaite initier une réflexion, une rêverie, un souvenir, un projet, une envie… Et ça fonctionne! Les premiers retours sont formels: la lecture de Si loin de l’Atlantide ne laisse pas indifférent. Car je désire -plus que tout- susciter une réaction chez le lecteur pour que ce livre ne soit pas rangé au fond d’une bibliothèque, mais devienne un recueil qu’on reprend en main pour lire un texte, écouter une chanson…
Mais pas de prise de conscience, ça ressemble trop à prise de tête!
Un livre à lire, regarder et écouter…
Justement, c’est un livre à écouter…
Oui, comme indiqué, c’est « un livre à lire, regarder et écouter ». En effet, les textes sont agrémentés de photographies, mais aussi de musiques! Le procédé est simple: en bas des pages concernées, il y a un QRcode (un code-barre à scanner avec l’appareil photo de son téléphone) qui permet d’écouter la chanson gratuitement.
J’ai tenu à intégrer des chansons dans cet ouvrage, car la musique est un langage bien plus subtil que les mots. La musique parle à l’inconscient. Elle fait surgir des émotions plus forte et plus violentes que les mots parce qu’il n’y a pas le filtre du langage. Lorsque je combine les notes et les mots, j’ai l’impression d’être un apprenti-sorcier qui, jusqu’à la fin, ignore ce que son expérimentation va donner. C’est extrêmement galvanisant.
Le texte de la chanson Pensées d’une soirée d’octobre m’a ébranlée. Comment en vient-on à écrire un texte pareil ?
Écrire est une thérapie. Cela me permet d’expugner toute la rage, le désespoir, la peur qui peuvent s’accumuler en moi. Pensées d’une soirée d’octobre est la prise de conscience amère d’une relation amoureuse qui s’est noyée dans un confort matériel qui se veut rassurant, mais qui au fond est terrifiant. C’est terrifiant de laisser sa vie s’étioler sans réagir, de se laisser aller juste par dépit ou par manque d’envie…
Toutefois, c’est difficile d’expliquer comment on a pu écrire une chanson. L’inspiration reste un mystère pour moi. J’y consacre d’ailleurs un texte dans le livre. Écrire une chanson, c’est parfois dresser le constat de sa vie à l’instant T et de l’habiller dans un décor adéquat.
Où peut-on se procurer le livre Si loin de l’Atlantide?
- Dans toutes les librairies de France, principalement sur commande (Si loin de l’Atlantide est référencé sur les bases de données DILICOM et DECITRE),
- dans la boutique en ligne des Éditions La Californie,
- sur Amazon.
Merci, Philippe Monnier. Le mot de la fin?
Les livres nous entraînent dans des voyages immobiles, mais ô combien merveilleux! Si loin de l’Atlantide va plus loin: il guide le lecteur dans un périple à l’intérieur de soi.