par Meryl Moser

En 1843, Honoré Balzac publia chez l’éditeur Furne le tome VII de sa célèbre Comédie humaine sous le titre Illusions perdues. A cette époque, Balzac ne pouvait pas s’imaginer que son œuvre majeure serait portée au grand écran. Il n’y en avait pas encore. En effet, le cinéma n’allait naître que 52 ans plus tard! Avant de voir ce très beau film avec beaucoup de plaisir et d’émotions, je me souvenais vaguement de l’histoire de ce roman. Depuis que j’ai vu ce film à la Mostra de Venise, j’ai pris le temps pour vous, chers lecteurs et lectrices, d’approfondir le sujet en consultant divers documents.

L’histoire en bref

Lucien Chardon est jeune, beau, mais sans aucune fortune. Orphelin d’un père pharmacien, il est choyé par sa mère (née de Rubempré, d’où le titre de noblesse que Lucien tentera de racheter dans Splendeurs et misères des courtisanes). Il croit à son talent littéraire, mais végète à Angoulême. Notez que les résumés sur Internet ne sont pas toujours corrects. C’est son ami de jeunesse, David Séchard, qui est le fils d’un imprimeur, pas Lucien! David, lui, souhaite inventer un nouveau mode de fabrication du papier. D’emblée tout oppose ces deux jeunes gens. David est épris de la sœur de Lucien, Eve. Madame de Bargeton tombe sous le charme de Lucien, devient sa maîtresse et l’introduit dans les milieux de la haute société d’Angoulême. Tous deux monteront à Paris, la première pour fuir les médisances provinciales et Julien pour tenter de décrocher un succès littéraire en tant que journaliste.

Madame de Bargeton

Magnifiquement interprétée par l’actrice Cécile de France, Madame de Bargeton est incontestablement le personnage-clé le plus important du romancier. « Le portrait de Madame de Bargeton est un jeu avec les genres littéraires, avec leurs codes: elle est, à elle seule, plusieurs articles d’une physiologie (la femme de province, le bas-bleu, la reine d’un salon, la provinciale découvrant Paris, la Parisienne), Balzac mimant le style allègre de ce type de publication[1]. Le cheminement de Mme de Bargeton, née Nègrepelisse, est aussi la conquête vaniteuse et victorieuse d’un nom. Lorsque Lucien a la naïveté de lui confier son amour pour Coralie, une comédienne, Mme de Bargeton usera de toutes ses influences pour lui fermer le Faubourg Saint-Germain, jure sa perte et devient l’instrument de sa chute.

Mon avis: excellent film, même s’il est impossible de transcrire en 149 minutes plus de 1000 pages imprimées, pleines de subtilités romanesques. Et ce film magistral ne pouvait évidemment pas tenir compte de toutes les facettes du personnage de Mme de Bargeton.  

« Illusions Perdues » sortie mercredi 27 octobre : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=273621.html

Clin d’œil au Comte de Grandvaux

En attendant qu’il vous parle en détail des loups, je lui ai promis de signaler à nos lecteurs les sorties des films dédiés d’une manière ou d’une autre au loup. Voici celui que vous pourrez voir actuellement au grand écran.  

https://cinerive.com/node/385989

Le loup et le lion

Un mot encore sur nos chers animaux sauvages, filmés avec brio. LYNX ,dont je vous parlerai la semaine prochaine, est une révélation!


[1] Madame de Bargeton  par Christine Marcandier  HAL Id: hal-01719155 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01719155