Lisa Hueber tend aujourd’hui son micro à Alain et Philippe, les instigateurs du roman évolutif pour apporter quelques éclaircissements sur ce projet ambitieux et inédit, propulsé par votre magazine Découverte.

Évolutif, ludique et inédit

Messieurs, vous publiez à la Une de Découverte les « règles du jeu » du roman évolutif. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?

Alain: Avec plaisir! Nous avons sélectionné le roman évolutif de Pierre Paget parce qu’il poursuit les trois nobles objectifs inscrits dans l’ADN de notre portail www.decouverte-mag.com.

Qui sont…?

Alain: D’abord, le plaisir du lecteur de contribuer au développement du roman, en proposant les chapitres suivants. Ensuite, ce roman est une sorte de roman initiatique. Qui fait découvrir un nombre inouï d’éléments dont l’héroïne n’a d’abord pas conscience. Et qui l’aide petit à petit à s’en sortir. Le lecteur ou le participant bénéficie d’un exceptionnel élargissement de son champ de vision. Beaucoup de femmes s’y reconnaîtront. L’auteur (e) a voulu que l’on reconnaisse mieux la valeur des femmes. Et tertio, il ouvre les yeux sur des univers insoupçonnés de la plupart des gens. Il décrit notamment le monde de la navigation maritime.

Philippe: J’irais même plus loin. La promesse de notre magazine « ouvrir les yeux et l’esprit » trouve dans ce projet toute sa légitimité. L’héroïne part en croisière et son horizon sera constellé de magnifiques paysages, pour le plaisir des yeux. Mais, ce voyage sera aussi intérieur. Céline devra sortir de sa « zone de confort », s’affranchir des chaînes qui la retiennent dans une vie qu’elle n’aime pas. Et c’est là tout l’intérêt du « roman évolutif »: chaque auteur(e) instillera à l’histoire un peu de son vécu, de sa personnalité.

Alain: Ce roman-là est donc véritablement un roman pour les voyageurs de notre époque puisqu’il s’écrit maintenant. Au-delà, il fait références à de nombreuses sources soit historiques, soit littéraires. Je vous expliquerai après pourquoi il est important d’avoir de telles références.

Philippe: Ce roman évoque la vie d’une jeune femme de notre temps, avec ses joies, ses peines, ses espoirs mais qui trouve au plus profond d’elle même la force et les ressources pour s’en sortir. Comme le dit Alain, c’est un hommage.

Un souffle de liberté pour les auteur(e)s

Pour le commun des mortels, un roman est une œuvre de fiction. En quoi celui que vous publiez en ligne d’abord serait-il différent?

Philippe: Dans ce roman évolutif, tout est nouveau. Je veux parler des moyens techniques que nous y avons mis, pour la mise en page, notamment. La mise en place de l’intrigue peut paraître un peu longue. Mais cela ne doit pas enfermer l’auteur(e) potentiel dans un carcan, bien au contraire. Poser des fondations solides garantit une édification stable. Il importait donc que l’instigateur développe suffisamment le récit pour que tout le monde comprenne bien que les chapitres suivants comporteront des rebondissements. Comme il y en a d’ailleurs dès le début.

Alain: Je pense que le roman évolutif que nous avons décidé tous les deux de publier augure le journalisme de demain. La curiosité est un trait de caractère du voyageur et ce, depuis la nuit des temps. J’ai bien dit voyageur et non pas touriste.

Philippe: C’est effectivement l’une des missions que nous nous sommes fixés lors de la création de Découverte et notre message est clair: « Ne soyez plus des touristes, redevenez des voyageurs ». La sidération devant la beauté d’une nature intacte plutôt que vomir sur les Ramblas!

Alain (en riant): Merci Philippe pour cette belle image! Pour revenir à la genèse de l’histoire, il y a des personnes qui ont absolument besoin de connaître le monde dans toute sa diversité, son infinie richesse et de l’immensité de son patrimoine culturel quasi infini. L’année passée, j’ai fait une belle croisière en Adriatique et vu pas mal de chose en Croatie et au Monténégro. Eh bien, si je n’avais pas lu au préalable l’exceptionnel ouvrage de Robert D. Kaplan Le fantôme des Balkans et une thèse de doctorat, je n’aurais rien compris à ce fabuleux voyage.

Il existe pourtant des gens que le monde n’intéresse pas du tout.

Alain: Bien sûr, nous en connaissons. Ces personnes considèrent que leur coin est leur centre de gravité et cela leur suffit.

Philippe: Je pense que le voyageur est en quête de quelque chose. Il ne s’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas trouvé ce qu’il cherche. C’est d’ailleurs le sujet du best seller L’Alchimiste de Paulo Coehlo. J’aimerais un jour trouver cet endroit où je me sentirai si bien que je n’aurai plus jamais envie d’en bouger…

Cap sur de nouveaux horizons

Vous faites sans doute partie des voyageurs?

Alain et Philippe (à l’unisson): Évidemment!

Alain: Des voyageurs-partageurs! Partager au sens noble du terme.

Philippe: Nous souhaitons offrir des pistes, des indices pour que chacun(e) imagine, créé et vive son voyage comme une véritable expérience et pas juste un prétexte pour publier des photos sur les réseaux sociaux. Je me répète peut-être, mais voyager, c’est avant tout une expérience intérieure.

Donc, Pierre Paget est forcément aussi un voyageur…

Alain: Ou une voyageuse !

Comment cela?

Alain: C’est comme avec L’Amica geniale d’Elena Ferrante. On ne sait toujours pas si la personne qui écrit sous le nom d’Elena Ferrante est en réalité une femme ou un homme. Pour Pierre Paget cela pourrait être aussi de même.

Philippe: Oui, une George Sand moderne, en quelque sorte! L’intrigue de La passagère de la cabine 116 repose (entre autres) sur un mystérieux bienfaiteur qui offre à l’héroïne cette « croisière initiatique ». Et c’est seulement à la fin que les lecteurs sauront si c’est une femme ou un homme. Comme pour Pierre Paget : est-ce un homme ou une femme? Mystère! On nage dans l' »hermaphrodisme » le plus complet!

Un état d’esprit plutôt qu’un concept

Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à développer www.decouverte-mag.com?

Alain: Ne cherchez pas loin. Vous avez la raison dans le sous-titre : Le magazine qui ouvre les yeux et l’esprit. Nous voulons aussi être des voyageurs dont les raisons sont de découvrir non seulement le monde mais tout ce qui constitue notre espace grandiose.

Philippe: On ne peut pas découvrir le monde si on n’a pas l’état d’esprit qui va avec. Le respect de la nature et des gens, l’ouverture d’esprit, la curiosité (qui est loin d’être un vilain défaut). Il ne suffit pas de parcourir le monde… Il faut essayer de le comprendre. Un bon voyageur – car il en est aussi de mauvais –est empathique. Il tente de comprendre l’autre dans son altérité.

Alain: Oui mais alors il s’agit de ne pas confondre voir avec comprendre. Nous sommes aussi tous deux des journalistes reconnus, carte de presse en poche. Même si nous utilisons souvent des images très fortes dans notre magazine, il faut bien rester tout à fait conscients que l’image seule ne suscite pas toujours la réflexion.

Philippe: Avec la télévision et particulièrement les chaînes d’info en continu, nous sommes submergés d’images venant des quatre coins du monde 24h/24. Le temps a été anéanti. L’instantanéité abjecte nous gave du même message: « tout va mal » alors que ce n’est pas vrai. Il faut se détacher de ces prescripteurs d’anti-dépresseurs et ouvrir de nouvelles perspectives, décrocher, en lisant ou en écrivant la suite de La passagère de la cabine 116, par exemple!

Expliquez-nous.

Alain: C’est très simple. Au moment où l’on vous présente le 20h, les milliers d’images qui vous submergent ont pourtant été prises à différents moments du jour, parfois même à des jours d’intervalles. La nuit, le jour et en tout cas pas à 20h précises lorsqu’on nous les présente. Et, journalistiquement parlant, il y a encore un bien autre paradoxe. Les rédacteurs sont non seulement responsables de ce qu’ils disent et présentent, mais aussi de ce qu’ils taisent volontairement ou ignorent.

C’est sans doute la même chose dans la presse écrite ou numérique, non ?

Philippe: Bien sûr ! Encore faut-il appréhender les mutations qui surviennent au fil du temps.

Alain: Le partage est un autre élément. D’ailleurs si on nous aime, c’est aussi parce que nous concevons nos reportages comme partage.

Un mode d’échange et de partage

Un mot encore. Diriez-vous que votre portail francophone est différent des autres?

Alain: Prenez la Covid 19. Il n’y en avait que pour elle. Et pourtant à tous moments, il s’est passé des événements cruciaux dans certaines parties du monde. Ils ont été totalement négligés. Aucun média ne les a relayés.

Philippe: Je pense que dans nos sociétés, et encore plus aujourd’hui, on a besoin de se divertir. Les médias doivent endosser ce rôle mais sans prendre leur audience pour des imbéciles. Nous, nous proposons le « divertissement non-abrutissant ». Parce qu’un peu de subtilité, un brin de culture et un soupçon d’irrévérence saupoudrés d’une pointe d’humour ne font de mal à personne, bien au contraire! Et puis, nous avons un énorme avantage: nous ne sommes pas une presse quotidienne, une machine à contenu, des putaclics, comme dirait mon fils. Nous prenons un plaisir non-dissimulé à écrire nos articles pour obtenir des retours. Contrairement à la presse écrite ou télévisuelle qui est à sens unique, internet est un espace d’ÉCHANGE et, comme le disait si bien Alain, de PARTAGE. Nous jetons une bouteille à la mer et nous attendons que quelqu’un la repêche. Nous offrons à nos lectrices et lecteurs un moment de détente et de réflexion qu’ils ne trouveront pas dans les autres médias.

Alain, le mot de la fin?

Alain: Oui, continuons à ouvrir les yeux et les esprits, car notre monde en a bien besoin!