Je me trouve au milieu des montagnes du désert, dans l’actuel sud-ouest du Royaume hachémite de Jordanie. Avec, évidemment, le désir de voir Pétra… enfin ! Mais comme je ne suis ni géographe, ni historienne, mais simple photographe pour Découverte magazine, j’aimerais vous faire découvrir Pétra depuis l’autre bout de la lorgnette. Et des photos que vous ne trouverez pas lorsqu’il s’agit d’évoquer la Cité rose. En fait, je me suis passionnée pour tout ce qui est autour de ce magnifique voyage de décembre 2022.
Sur le chemin qui mène à Petra
Je suis littéralement subjuguée par la beauté du désert. Il y a ce qu’ici les autochtones appellent les cubes Djinn, car leur forme inhabituelle les fait effectivement ressembler à des habitations. Les djinns sont des esprits dans la mythologie arabe. Les savants pensent que ces cubes furent des tombes nabatéennes creusées dans la roche, mais on ignore encore leur fonction exacte. Ces blocs immenses laissent augurer ce que fut l’architecture de l’époque nabatéenne.
Il s’agit de trois curieux monuments de forme cubique taillés dans la roche; le plus grand ayant une hauteur de 9 mètres.
Chemin faisant, je fais de belles rencontres: dans cette région, ce sont les chameaux et non pas les dromadaires qui sont utilisés,
tout comme les ânes que conduisent plutôt les jeunes gens.
Tant les ânes que les chameaux ont besoin de repos même si en décembre, la chaleur n’est pas du tout étouffante.
L’hiver restant doux et sec et les températures oscillant entre 7 et 16°C, ces animaux-là ne se mettent pas à l’abri, contrairement à moi que la pluie a arrosé quelque fois.
Des chats, j’en rencontre des kyrielles. Je ne sais pas combien ils sont en Jordanie. Ils ont l’air d’être plutôt mi-sauvages. A l’instar des gens du sud, la pratique de la culture locale ne fait certainement pas que l’on considère ces minets comme des chats de compagnie. Mais qui sait, car celui-là a plutôt l’air bon enfant.
Moi qui, à Yvonand, m’intéresse beaucoup aux oiseaux j’en observe plusieurs espèces. Celui-ci est-il toujours invité à des fêtes pour qu’il montre son meilleur atour en revêtant un smoking ?
Il s’agit du traquet deuil que j’ai déjà rencontré en Afrique du Nord et en Asie. Il est connu pour chasser les insectes en vol comme chez nous les hirondelles.
Je m’approche de Pétra
Les principaux monuments isolés et taillés dans le roc, ainsi que les vestiges archéologiques dans le paysage aride de falaises de grès rouge et de gorges se trouvent à l’intérieur des limites de Petra.
Vue de la Tombe des Obélisques photo @ Corine Stübi
Pétra ayant été désertée depuis si longtemps, il y a belle lurette qu’elle n’impressionne plus les autochtones. C’est que seuls les Bédouins de la région lui sont restés fidèles depuis des siècles. Les monuments subissent une érosion permanente causée par le vent et la pluie.
Mais il ne faut que peu d’eau pour qu’une végétation survive ici.
Jean-Louis Burckhardt
Voici son portrait. Cet explorateur non seulement parlait l’anglais et l’arabe, mais encore plusieurs dialectes suisses alémaniques (!). Vous allez tout de suite comprendre pourquoi je vous parle de lui. Né à Lausanne en 1784, il allait redécouvrir à l’âge de 28 ans Pétra, un trésor historique datant du VIIIe siècle av. J.-C. Pétra se situe en Jordanie méridionale, à quelque 300 kilomètres au sud d’Amman. Or, en 1812, l’Empire ottoman détestait la curiosité des Occidentaux pour les « antiquités ». Il ne s’agissait pas seulement d’esquiver la méfiance des indigènes d’alors, mais d’approcher cette merveille témoin d’un passé mystérieux. Notre explorateur lausannois se glissa alors dans la peau d’un fils du désert en se faisant appeler Ibrahim Ibn Abdullah. Il se coiffa d’un turban pour faire oublier qu’il aurait pu ressembler à un Occidental. Comme il ne maîtrisait pas l’arabe à la perfection, il se fit passer pour un marchand hindi musulman. Lui demandait-on quelques mots en hindi, il leur parlait dans le plus embrouillé des dialectes suisses alémaniques, souvent même inintelligibles pour un ressortissant allemand de l’époque. Il est vrai que le dialecte bernois, par exemple, est apte à rivaliser avec les plus rugueux et râpeux des phonèmes arabes. Sa redécouverte a suscité un immense regain d’intérêt pour la genèse et la culture nabatéenne. En tout cas, elle a largement contribué à la protection et à la restauration de Petra en tant que site archéologique et patrimoine mondial reconnu par l’UNESCO en 1985.
Petra, un lieu majestueux et unique
Mes compagnons suisses de route se tiennent devant la porte du Trésor à Pétra. Ils permettent de se rendre compte de l’immensité de l’ancienne cité attisant la curiosité des voyageurs venant du monde entier. Sculptée dans la colline de grès par les Nabatéens au deuxième siècle après J.-C., cette structure imposante a probablement été utilisée comme un temple. Lorsque vous êtes au pied de la porte de cette ville creusée dans la roche, un sentiment étrange vous saisit. Je ne saurais pas vous le décrire autrement, mais nul doute que vous resterez frappé par la grandeur imposante et la majesté de ce lieu magique.
Pour en savoir davantage : Essai Burckhardt, le bédouin de Petra D.Masse Plein Sud 1996. Un miracle dans le désert: https://www.swissinfo.ch/fre/sci-tech/arch%C3%A9ologie_petra–un-miracle-dans-le-d%C3%A9sert/33657338
Quel est le salaud qui m’a poussé? Cent figures de l’histoire suisse pages 94-95 Infolio