Nathalie Gineste est l’une de nos spécialistes en matière de Beaux-Arts. Titulaire d’un master en arts plastiques avec mention, son mémoire s’intitule Fragments : une fiction plastique pour redonner une mémoire familiale paysanne. Elle prépare actuellement un ouvrage sur les peintres méridionaux.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter le troisième épisode de « J’ai envie de peindre de l’humain. Que diable! » Durant ce délicieux été, c’est donc la vie de Léon Laurent Galand que notre auteure inspirée vous croquera ici en quelque 4 épisodes et dont nous aurons la joie de vous présenter.
Troisième épisode
«Je n’arrête pas de faire des portraits et ne sais où donner de la tête», dira Léon Galand. Et effectivement, ce sera sa période la plus riche en portraits. Mais à nouveau, cédons-lui la parole.
« Cette même année, j’effectue le portrait de M. Jean Baptiste Bénézech, député de l’Hérault. Comment ? Je suis froid ? Loin de là, la vérité. Plus sympathique que moi, il n’y a pas. J’aime les gens et j’ai le cœur sur la main. Mon visage est l’expression ensoleillée de la Belle Provence, ma patrie. »
Adeline Lanthenay
Après avoir entendu «Ah ! Si vous voulez d’l’amour» d’Adeline Lanthenay. Mon cœur chavire. Voici les paroles de cette chanson composée par W. Burtey et mis en musique par Vincent Scotto. Ces paroles m’auront certainement inspiré pour faire le portrait de cette magnifique chanteuse et comédienne.
Quand vous lui dites des mots très tendres
La fillette semble ne rien entendre
A ces choses-là qu’elle comprend très bien
Sa bouche ne répond rien
Mais v’la c’que chante son joli rire
Ce que dit son cœur qui soupire
Et ce que les amoureux
Savent très bien lire dans ses yeux
Refrain
Ah si vous voulez d’l’amour
Ne perdez pas un jour
Cueillez l’bonheur qui passe
Car c’est l’printemps
Profitez du moment
Allons dépêchez-vous
Ou ça n’s’ra pas pour vous
V’la tout
Ah ah ah ah ah ah
Ah si vous voulez d’l’amour
Ne perdez pas un jour
Ah ah ah ah ah ah
Allons dépêchez-vous
Ou ça n’s’ra pas pour vous
Ce langage-là fait son effet d’suite
C’est l’moment de la réussite
Vous voulez lui prouver votre ardeur
Et lui donner du bonheur
Mais désarmé par son air candide
Vous restez tout à fait stupide
Tandis que d’un ton narquois
Elle murmure à de mi-voix
Refrain
Ah si vous voulez d’l’amour
Ne perdez pas un jour
Cueillez l’bonheur qui passe
Car c’est l’printemps
Profitez du moment
Allons dépêchez-vous
Ou ça n’s’ra pas pour vous
V’la tout
Ah ah ah ah ah ah
Ah si vous voulez d’l’amour
Ne perdez pas un jour
Ah ah ah ah ah ah
Allons dépêchez-vous
Ou ça n’s’ra pas pour vous
Je l’immortalise à plusieurs reprises. Quelle belle meneuse de revue !
Peindre les femmes
A trois jours près, Adeline a deux ans de plus que moi1. En 1895, Adeline se produisait déjà dans les cafés-concerts parisiens. Au moment où la mairie m’achète le premier tableau, en 1898, elle est engagée au théâtre des Variétés dans «La Belle Hélène» et «Les carnets du Diable». Elle fut pour moi non seulement une admirable chanteuse de café-concert, comédienne et surtout artiste de revue française mais également internationale. Pendant près d’une année en 1899, elle fit une tournée en Amérique du Sud. Elle fut l’une des trois reines incontestables de la valse lente dans la chanson française avant la Première guerre mondiale.
J’adore les femmes et cela se retrouve dans certaines de mes œuvres. Quand je peins une femme, ma touche est toute différente. Je cherche à rendre tout le charme et faire chanter le sourire sur les lèvres, mais aussi le troublant magnétisme des yeux. La tentation de la courbe féminine est là. Le moelleux des fossettes, la courbe enchanteresse et divine font que l’homme devient faible devant la femme. Quel beau portrait celui de Mme M… ! Elle est belle dans sa robe de bal éclairée par une lumière factice qui change le ton de la chair. Le corps est souple et félin. Cette œuvre attire le regard connaisseur du ministre des Beaux-Arts, M. Dujardin-Beaumetz, qui me félicite lors du salon à Brive.
À suivre…
1C’est vrai, Adeline Lanthenay est née le 15 avril 1870 et Léon le 18 avril 1872. Elle décèdera 8 ans avant lui, en décembre 1952.