Vous avez obtenu un rendez-vous et vous attendez impatiemment le jour où votre dentiste va s’occuper de vous. Seulement voilà…à quelques jours de votre rendez-vous, vous avez de nouveau un sacré mal aux dents. Il n’est lié ni à un accident dentaire ni à une urgence. Que faire? Laissez-moi m’écarter pour une fois de l’art dentaire que nous pratiquons tous les jours dans nos cabinets et vous donner quelques astuces étonnantes.

Ce que mon père savait bien avant moi

Clous de girofle
Clous de girofle.

Mon père pratiqua bien avant moi la médecine dentaire. Dans son école de médecine dentaire, on apprenait que dans certains pays du tiers monde, il existait un arbuste contre le mal de dents. Ce genre de buisson épineux qui pouvait atteindre les 3 mètres poussait au bord des routes ou des pistes. Il s’agit du Solanum incanum. Depuis des millénaires, les autochtones le savent et l’utilisent, à défaut de pouvoir avoir recours à un dentiste. En effet, dans certaines parties du globe, la présence d’un dentiste est plutôt rare. Mon père avait appris qu’à l’instar du clou de girofle, le gingembre était un antalgique actif permettant aussi d’atténuer les douleurs dentaires, simplement en mélangeant sa poudre avec de l’eau. Vous, vous avez des dentistes qui vous soignent de manière efficace. Il est cependant utile de se souvenir qu’il existe quelques astuces pour tenir le coup avant votre rendez-vous.

A vous de choisir!

De toute manière, il s’agit de diminuer la douleur, voire la souffrance face à un mal de dents en attendant votre visite chez le dentiste. Tout d’abord, il faut savoir que les deux principales classes d’antidouleurs en vente libre en pharmacie sont l’acétaminophène et les anti-inflammatoires. L’acétaminophène (tylenol ou tempra) est un antipyrétique (autrement dit un anti-fièvre) et, bien sûr , aussi un antidouleur. L’ibuprofène, lui, est clairement un antidouleur du type anti-inflammatoire non-stéroïdien. Votre pharmacien vous les vendra tous deux en libre vente jusqu’à 400 mg. A prendre toutes les 6 heures. Deux comprimés devraient vous soulager. Mais attention aux effets secondaires possibles, surtout si la prise de ces analgésiques devait interférer avec d’autres médicaments que vous devez prendre. Dans ce cas, demandez conseil à votre médecin de famille.

Moi, en tant que médecin-dentiste, je peux attester que l’ibuprofène soulage effectivement les douleurs dentaires, mais il y a pourtant un danger non négligeable. Dans certains cas, la prise d’ibuprofène peut masquer des signes d’infection. Les dernières recommandations – car vous savez que nous nous tenons toujours très à jour –, sont justement de ne pas du tout préconiser son usage si vous avez des douleurs dentaires. En effet, cela peut masquer une inflammation ou une infection au niveau du nerf de la dent.

Les autres antidouleurs classiques sur le marché, comme le paracétamol, peuvent aussi convenir. Il s’agira notamment du doliprane ou de l’efferalgan qui peut être pris en toute première intention en cas de douleurs dentaires. Mon conseil: Espacez -en une dose maximale de 1 g par prise au minimum de 4 heures de temps et n’en prenez pas plus de 4 g par jour. Certains antibiotiques peuvent aussi être indispensables si l’origine de la douleur est une infection bactérienne, mais là ,vous devrez immédiatement vous mettre en relation avec votre médecin de famille pour qu’il vous fournisse une ordonnance. Enfin, vous pourrez aussi utiliser un analgésique topique, c’est-à-dire local. Son principe actif ne passe donc pas dans l’appareil circulatoire. Un tel analgésique de type Orajel pourra vous soulager du mal de dents pendant quelques heures. Mon conseil: n’en abusez pas, car il peut s’avérer assez nocif si vous l’utilisez trop souvent et surtout en trop grande quantité. 

Les remèdes plutôt naturels

ail frais en botte
Ail frais en botte.

Il y a des siècles que l’on connaît les vertus du clou de girofle que les Anciens recommandaient de mâcher trois ou quatre par jour pour soulager les douleurs dentaires, notamment. Ici, l’action très rapide sur les douleurs dentaires est due à sa concentration en eugénol[1]. Au lieu de le mâcher, on peut aussi notamment concasser un clou de girofle et le placer dans le trou de la carie douloureuse. Vous pourrez aussi prendre une gousse d’ail fraîche et la placer contre la dent qui vous fait mal. L’argile possède, elle aussi, de nombreuses vertus et peut être utilisée comme cataplasme d’argile en cas de douleurs dentaires. Vous pourrez dans ce cas utiliser l’argile toute prête en tube… c’est plus pratique.

Les bains de bouche

Parfois, les bains de bouche permettent de diminuer l’intensité d’une douleur dentaire. Utilisez des bains de bouche antiseptiques (en vente en pharmacie) ayant un pouvoir désinfectant. A défaut, gargarisez la région douloureuse avec de l’eau additionnée de gros sel pendant 3 minutes. Le vinaigre, à utiliser en bain buccal, possède également une action révulsive au niveau des muqueuses de la bouche. Il active la circulation, ce qui atténue les douleurs. Mais attention, je ne le conseille pas du tout, car le vinaigre est extrêmement acide pour les dents.

Du chaud ou du froid?

Certain l’aiment chaud, comme on dit. Ils appliquent donc des sources de chaleurs quand un mal de dents se fait ressentir. Cela peut certes aider si des douleurs musculaires affectent le complexe facial. Dans notre formation de dentistes, on nous enseigne que c’est plutôt le froid qui est de mise dans ces cas-là. A vous d’essayer ce qui vous soulage le mieux.

Et la médecine douce?

J’avoue que je ne suis pas un dentiste pratiquant l’homéopathie. Voyez-vous, on ne peut pas tout faire, surtout que j’accomplis actuellement une formation de chirurgie dentaire hautement spécialisée. Mais d’après l’une de mes consœurs, douée en homéopathie, la Chamomilla vulgaris 9CH peut aider dans les douleurs (5 granules aussi souvent que nécessaire) ou la teinture mère de calendula que vous devrez diluer dans un grand verre d’eau. Et tout comme le clou de girofle aide, l’huile essentielle de giroflier a évidemment des propriétés anti-douleur et son usage – deux gouttes seulement, pas plus ( !) sur un disque de ouate à poser près de l’endroit douloureux et le soulagement est, paraît-il quasi-immédiat.


[1] https://www.unige.ch/asso-etud/aecb/rapports/1ere/orga/exeugenol_11.pdf