À l’heure où nombre d’entre nous se trouvent reconfinés, en proie au désarroi et à l’angoisse d’un lendemain qui déchante, chacun tente, comme il peut, de s’occuper l’esprit.
Là où certains optent pour un gavage en règle de séries à la qualité discutable et au dénouement inextricable (tout ça pour ça ?), d’autres choisissent de se miner le moral en assistant à des pugilats par écran interposé sur les réseaux sociaux. Et puis, il y a les plus positifs qui, pour ne pas céder à la morosité ambiante, préfèrent s’esclaffer en regardant des vidéos de cochons d’Inde qui font des pirouettes. Si toutefois les cochons d’Inde ne vous font pas rire, tentez la déclinaison du chat qui essaye d’attraper un ballon de foot sur un écran de télévision.
Pourtant, en ces périodes troubles, la solution ne serait-elle pas le repli ? Puisqu’à l’extérieur tout fout le camp, n’est-ce pas là l’occasion rêvée de tenter une introspection et d’affronter ses démons ? Ok, j’avoue, les démons, c’était pour Halloween (actualité oblige).
Moi, j’aimerais vous parler de la solitude. Vous savez, ces moments où on se retrouve face à soi, avec pour seule compagnie le silence. Pour beaucoup, une telle situation peut vite s’avérer anxiogène mais, honnêtement, autant il est légitime d’avoir peur de l’avenir, de la politique, de la société, des autres, ou du monde extérieur mais pourquoi avoir peur de soi ?
N’est-il pas grand temps de se retrouver, de tendre la main à celui que nous sommes vraiment ? Chacun de nous a au fond de lui des ressources inespérées, des secrets, des mystères à fleur de peau, une infinie sagesse… Alors, cessons cette quête frénétique d’ instant reward, ce besoin addictif d’être constamment occupés, gavés, rassasiés de superficiel. Frédéric Lenoir le dit avec tant de force et de vérité dans son essai Du bonheur: la satisfaction par le plaisir immédiat ne rend pas heureux.
Alors, aujourd’hui plus que jamais, je vous propose une balade dans les méandres de ma solitude, celle qui me saisit parfois mais que j’affectionne plus que tout, car, elle m’accompagne dans mes pérégrinations spirituelles et surtout, elle nourrit mon âme de vérité absolues, de tantras universels et je l’aime car elle m’aide à m’aimer moi-même. Un peu plus.
Ma solitude
La solitude n’est pas un état. C’est une entité céleste qui, une fois apprivoisée, m’apporte de grands moments de bonheur. Pour beaucoup, c’est une maladie qu’il faut fuir comme la peste en s’accrochant, si besoin, à des relations douteuses et destructrices. La solitude est angoissante car elle me positionne face à moi, une personne que je ne connais peut-être pas bien. Pourtant, ce n’est pas un poison. Bien au contraire.
J’aime ma solitude. Je l’accueille avec allégresse et je la préserve. Elle m’accompagne et m’écoute comme une amie, une confidente. Elle me recentre sur mon âme. Elle me focalise sur l’essentiel et m’aiguille sur ce qui revêt une réelle importance. Elle m’incite à faire abstraction du monde superficiel qui m’accable. Et surtout, elle m’interroge sur ce qu’il y a au fond de moi.
Ma solitude me pose des questions. Ou plutôt, elle m’incite à me poser les bonnes questions. Celles que j’évite. Celles qui me font avancer et devenir meilleur. J’ai besoin d’elle. Elle qui, au fil des ans, est devenue ma meilleure amie. Discrète et bienveillante, elle reste à l’écoute des mes pensées alambiquées et de mes questionnements insolubles.
Parfois, au milieu du chaos, elle me manque cruellement. Le tumulte, le bruit et les histoires insipides que la politesse (et une bonne éducation) me forcent à faire semblant d’écouter, me propulsent dans mon repaire intérieur, cette dimension secrète qui me permet de m’isoler du monde, alors que mon enveloppe charnelle reste dans cette situation indélicate, en pilote automatique, à acquiescer et sourire.
La solitude est une présence rassurante, une lueur qui brille dans l’obscurité d’une nuit d’hiver, froide et sans âme.
Retrouvez tous les articles de Philippe Monnier en cliquant ici.