Avis aux mélomanes averti(e)s qui cultivent la nostalgie comme un trésor secret: vous avez sous les yeux la dernière chronique estivale & musicale consacrée aux tubes de l’été 1981. Alors, pour la der des der, je vous ai concocté une petite sélection éclectique variant entre musique électronique et variété française. Et, pour finir en apothéose, je vous offre un vol transatlantique. Allez, un dernier petit plongeon dans le grand bain d’une décennie naissante, folle, magnifique, tragique et on remonte dans la R12. La route du retour nous attend.
Les champs magnétiques, part 2 – Jean-Michel Jarre
Jean-Michel Jarre est aujourd’hui reconnu comme l’un des précurseurs de la musique électronique. Sorti en 1981, Les champs magnétiques est le cinquième album studio de Jean-Michel Jarre qui sera, à l’automne de la même année, l’un des rares artistes français à être autorisé à se produire en concert en Chine. Pourquoi? Parce que ses compositions instrumentales ne risquaient pas de corrompre le peuple avec des paroles inconvenantes. De cette tournée naîtra un album live d’anthologie : The concerts in China avec l’inoubliable Souvenirs de Chine.
Les champs magnétiques est, par ailleurs, le premier album de l’artiste à utiliser la technologie de l’échantillonnage numérique: les samples qui modifieront le rapport des artistes à la musique pour les décennies à venir.
L’amour c’est comme une cigarette – Sylvie Vartan
L’amour c’est comme une cigarette est une métaphore habile qui transpose le champ lexical de la tabagie dans les sphères nébuleuses de l’amour. Comme souvent à l’époque, le titre français est une adaptation d’un tube anglo-saxon. Ici, il s’agit de Nine to five, un tube de la chanteuse écossaise Sheena Easton qui avait cartonné l’année précédente. Les paroles sont de Michel Mallory.
« L’amour c’est comme une cigarette
André Popp / Gilles Thibaut
Ça flambe comme une allumette
Ça pique les yeux, ça fait pleurer
et ça s’envole en fumée »
Légère et subtile, L’amour c’est comme une cigarette est une mélodie qui fleure bon l’insouciance de l’été 1981.
Fire and ice – Pat Benatar
« Ladies and gentlemen, please fasten your seatbelts ». Comme promis, pour le dernier tube de l’été 1981, on traverse l’Atlantique, direction les États-Unis avec l’icône pop-rock féminine des années 80: Pat Benatar.
Écrit par Pat Benatar, Tom Kelly et Scott Sheets, Fire and ice est le premier single issu du troisième album de la chanteuse américaine. Fire and ice sort le 6 juillet 1981 aux États-Unis et cartonne d’emblée pour se positionner à la seconde place du classement des meilleures ventes de singles. L’année suivante, en 1982, Pat Benatar recevra pour cette chanson son second Grammy Award.
Un bon riff, une rythmique fraîche et soutenue, un vrai solo de guitare, une mélodie portée par la voix puissante et suave d’une chanteuse hors-pair: voilà la recette du tube de l’été!
BONUS : La danse des canards – J.J. Lionel
Eh oui, on ne pouvait pas clôturer cette chronique sans une boutade, un clin d’oeil, une petite irrévérence en défiance aux musicologues avertis! Car, au delà des apparences, la danse des canards est non seulement le tube de l’été 1981, mais c’est aussi la chanson la plus vendue de toute la décennie. En outre, on ne compte plus les adaptations en espagnol, anglais, allemand, bulgare, estonien…
En 1983, la danse des canards entre au Livre Guinness des Records avec 2 500 000 singles écoulés. Et ça ne s’arrête pas là: en 2011, un article de la RTBF consacre la danse des canards comme le tube le plus vendu de toute l’histoire du disque (en France).
Véritable OVNI dans le paysage musical français, la danse des canards est une adaptation de la chanson Der Ententanz de l’accordéoniste suisse Werner Thomas, sortie en… 1957! Vous voyez : rien ne se perd, tout se recycle.
Allez, on remue le popotin et surtout, on fait « coin coin ».
Épilogue
Au cours de l’année 1981, 62 millions de singles et 90 millions d’albums ont été vendus dans l’hexagone. Certaines chansons, inoubliables et intemporelles nous trottent encore dans la tête aujourd’hui. Parce qu’elles font partie de notre bibliothèque sonore intime. Et parce qu’elle nous renvoient à une époque bénie, insouciante et lumineuse.
Toutes les chroniques Les tubes de l’été 1981 et bien d’autres surprises musicales vous attendent sagement dans notre rubrique MUSIQUE.
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