L’œuvre qui s’esquisse progressivement au gré des matériaux, des coloris et, naturellement, des formes que choisit l’artiste. Voilà ce qui caractérise l’art intuitif. Nadine André se laisse complètement inspirer par son intuition. Je n’en dis pas plus, car si la première partie de mon article rédactionnel est l’interview que cette artiste a bien voulu me donner, la seconde partie est un entretien qu’elle a eu avec l’éditeur, Alain Barbier. Pour ma part, il y a longtemps que je connais Nadine André et que je la tutoie et c’est là, pinceau à la main, qu’elle me reçoit.

Les genres de peinture

Nadine, dis-nous quel genre d’œuvres y peins-tu et quels formats adoptes-tu ?

Ce sont des peintures à l’huile. Les toiles ont différentes dimensions allant du petit format 15 x 10cm au grand format de 1m x 80cm. Certaines toiles sont sphériques. J’édite également des cartes postales illustrées de poèmes que je compose.

Nadine André, artiste-peintre, dans son atelier Aleph en Alsace.
Nadine André dans son atelier Aleph, en Alsace.

Quels en sont les thèmes ?

L’émergence de la lumière est mon thème principal.

Qu’as-tu fait avant de t’installer ici ?

A 17-18 ans j’ai quitté mon foyer pour partir avec un ami en auto-stop dans toute la France. Puis j’ai travaillé dans la restauration-hôtellerie à Saint-Tropez, Saint-Raphaël. Je suis ensuite partie au Canada comme jeune fille au pair pendant un an. Puis en Suisse pendant 9 mois. Je suis revenue en France, dans l’hôtellerie pour m’établir dans la vallée de Munster.

Les voyages te donnent-ils de l’inspiration?

C’est évident. Le Canada m’a particulièrement marqué. J’y ai rencontré des personnalités chaleureuses et découvert les grands espaces aux paysages divers et variés.

Le théâtre la rendait heureuse, mais …

Nadine me dit que la poésie et la littérature l’a toujours animée. Au collège, elle découvre Rimbaud, Baudelaire et chaque fois qu’elle fait du théâtre, elle est heureuse. C’est d’ailleurs à cela qu’elle souhaitait se destiner, mais ses parents l’ont dissuadé de se diriger vers cette carrière. Elle se tourne alors vers une formation de secrétariat.
Cependant, l’art et les mots l’ont toujours touchée. Et elle s’en est contentée pendant un bon bout de temps. Jusqu’à ce que…

La révélation

Clef de ciel, une toile de Nadine André, peintre en Alsace.
Clef de ciel, une toile de Nadine André, peintre en Alsace.

En 2014, Nadine André rencontre une femme peintre suisse : Julia du même nom de famille. Une connaissance lui avait proposé un flyer de peinture inspirée en lui disant «ça, c’est pour toi». Puis, elle s’inscrit à un atelier de travail, à 10 km de chez elle. Et là, ce fût la révélation. Julia leur demandait de peindre ce qui les animait. Elle leur demandait de ressentir l’hiver ou de penser à quelque chose de spirituel. «On ne peint pas un objet, on en peint sa représentation», disait Julia André.
Et j’ai commencé à peindre. De fait, tout ce que je peignais me donnait les larmes aux yeux. Ce que je peignais était tellement étonnant et beau et je me disais : «Comment est-ce possible alors qu’au fond, je ne sais pas peindre?»

Tu as une couleur dominante. Es-tu dans la période bleue comme le peintre René Magritte ?

Oui je le rejoints d’une certaine manière, car pour lui cette couleur est celle de l’âme et de l’inconscient.

Te sens-tu inspirée par les pigments du bleu Majorelle ?

Oui j’aime ce bleu particulier. Ma couleur préférée est le bleu. Mais j’aime également les couleurs chaudes… Regarde ma clé de ciel

De bon matin, huile sur toile.
De bon matin, huile sur toile.

Ta famille t’a-t-elle soutenue dans tes choix artistiques ou t’es-tu faite toute seule?

On peut dire que je me suis faite toute seule. Ma maman qui vit à Munster a découpé tous les articles de journaux ou j’apparais, mais elle n’est pas autrement intéressée par mon travail, ni par la réalisation de mes toiles, d’ailleurs.

La voie de l’art que tu poursuis est-elle unique en son genre ?

Oui et non, unique en son genre semble orgueilleux. Mon art est tout simplement inspiré,

Comme tu t’es fait un nom dans les milieux artistiques, que penses-tu des formations actuelles en la matière?

Les techniques spécifiques des écoles d’art ne m’attirent pas beaucoup. Cela dit, la professeure d’art m’a tout de même influencé lorsque j’ai vu ses peintures. J’ai utilisé quelques techniques de base. C’est vraiment surtout en pratiquant inlassablement que j’ai renforcé ma propre façon de peindre.

C’est-à-dire ?

Je laisse libre cours à mon imagination… Je me mets pleinement à l’écoute de ma voix intérieure, c’est plutôt un processus méditatif.

Quel souhait chuchoterais-tu à l’oreille d’une bonne fée qui exaucerait un seul vœu ?

Que ma peinture touche le plus de gens possible. Éveiller la paix en chacun d’eux par la visualisation de mes ouvrages. Et puis si la fée ne se manifestait pas pour l’instant, tous nos rêves ne peuvent-ils pas être accessible et se réaliser? 

Je regagne la Suisse avec un immense élan affectueux pour ma chère peintre… et je pense longuement à ses sujets inspirés.