Mon amie Meryl Moser, chroniqueuse du 7e art chez Découverte magazine a évoqué la vie sauvage au grand écran (cf. https://decouvertemag.com/au-grand-ecran-animaux-de-chez-nous-et-autre-surprise/. Du coup, dans la foulée, elle a aussi présenté le fabuleux long-métrage documentaire de Claude Moreillon. Lui, je l’ai rencontré il y a quelques jours à son chalet dans les hauteurs de Montreux, plus précisément dans le hameau d’Adversan. Je savais qu’il avait réalisé avec succès une demi-douzaine d’expéditions dans le Grand Nord entre 1991 et 2005 et qu’il vivait de son immense talent de photographe animalier depuis presque vingt ans déjà.
Dans la nature
Claude Moreillon a parcouru mille et mille fois de jour sous un soleil ardent, de nuit par un froid de canard, sous la neige, sous la pluie pour se rendre dans des coins secrets d’où il observe la faune de chez nous.
CG: Claude, il paraît que vous faites cela depuis votre tendre enfance.
CM: Oui, depuis tout jeune je ne rêvais qu’à une seule chose: devenir photographe animalier!
CG: Comment les animaux endémiques survivent-ils aux hivers plus ou moins rigoureux de la montagne?
CM: Hum, certains s’adaptent s’isolent du froid en creusant, qui des tunnels, qui un terrier, tels que les marmottes, loirs ou hérissons qui hibernent carrément.
CG: Claude, quel animal sauvage vous fait-il courir les bois?
CM: La quête du lynx m’a fait courir comme nul autre, j’en conviens, parce que ce petit félin de nos contrées me passionne. J’avoue aussi que son avenir me préoccupe beaucoup.
CG: Aviez-vous une raison particulière d’être un inconditionnel du lynx?
CM: (rire) Et comment! N’est-ce pas le plus mystérieux et le plus bel animal de notre faune sauvage helvétique?
CG: On dit qu’il est invisible la plus part du temps. Et qu’il est rare.
CM: C’est un chasseur solitaire. Ni un sprinteur, ni un coureur de fond. D’ailleurs, si son utilité pour le Peuple de la forêt n’est plus à démontrer, il arrive que ce prédateur ne soit pas à l’abri d’un échec. C’est ce qui me le rend intéressant.
CG: Vous en parlez abondamment dans votre magnifique ouvrage Vie sauvage, édité par la maison SLATKINE. Mais vous avez bien d’autres chouchous encore… Parlez-nous des renards et renardeaux.
CM: Ah! Ceux-là figurent également parmi mes favoris.
Les renardeaux m’amusent énormément, même s’ils ne sont pas si faciles à photographier. Il y a en effet chaque année une nouvelle génération qui refait les mêmes expériences que les portées précédentes. Et parmi la portée, il y a presque toujours un ou deux sujets qui se distinguent par leurs astuces et leur audace. Comme chez les humains, il y en a qui sont plus aventureux que d’autres.
CG: Oui, c’est ce que vous décrivez avec brio dans votre ouvrage. Les photos sont vraiment admirables. J’aime particulièrement cette photo. Ce renard vous jette un de ces regards. Il est vraiment futé. Pourtant, je ne l’ai pas retrouvée dans votre bouquin. Pourquoi ?
CM: Merci du compliment. Il est vrai que j’ai dû me contenter d’en publier une douzaine parmi des centaines d’autres. Comme j’exerce mon métier de photographe animalier depuis l’an 2003, je possède évidemment des milliers de photos du Peuple de la forêt, mais pas seulement.
CG : Personnellement, je pense que l’image suivante est très intéressante aussi. On dirait qu’ils s’amusent dans la neige.
CM : C’est qu’ils font un jeu particulier (rires). C’est la saison des amours ou si vous préférez, le rut. Chez le renard, le rut dure environ 4 semaines. En altitude, le rut débute vers fin février à mi-mars. La renarde mettra quelque 50 à 53 jours pour donner naissance à 3 à 6 renardeaux.
CG: Qui seront aveugles et sourds à la naissance, n’est-ce pas?
CM: Exact! Le plus beau, c’est que la renarde réchauffe ses petits 24h sur 24 jusqu’à ce qu’ils soient aptes à réguler eux-mêmes parfaitement leur température corporelle.
CG : Et la cohabitation du renard avec d’autres animaux ?
CM : Regardez cette photo:
CG : Alors nous nous réjouissons de vous entendre encore et encore et de nous dévoiler les mystères du Peuple de la forêt. Pour tous ceux qui aimeraient déjà en apprendre davantage, voici son ouvrage :