Le tourisme algérien reprend des couleurs à Ghardaïa. Le signe est évident et bienvenu. En organisant en décembre dernier le Festival international du tourisme saharien (FITS), l’Algérie a démontré qu’elle était bel et bien décidée à s’ouvrir de nouveau plus largement aux voyageurs du monde entier.

Un joyau

Ghardaia, aux portes du désert © Roger Juillerat
Ghardaïa, la porte du désert

C’est la ville de Ghardaïa, surnommée « La perle du désert algérien », qui a servi de cadre à la cinquième édition de ce Salon, annulé durant les années du Covid. « Il s’inscrit dans le cadre de la promotion de notre produit touristique saharien, dont on veut faire une épine dorsale de l’économie du pays » a indiqué Yacine Hamadi, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, qui présidait la cérémonie d’inauguration. « Nous avons en effet décidé de promouvoir les nombreux attraits des portes du désert, dont Ghardaïa est l’un des joyaux », poursuit-il.

Confirmé pour les années à venir en décembre de chaque année, ce festival met en lumière l’immense richesse des tribus peuplant le Sahara algérien par un défilé folklorique et musical, des courses de dromadaires[1] et chevaux, un marché de produits artisanaux, un salon professionnel, des danses traditionnelles…, le tout sur plusieurs jours.

© Roger Juillerat
…dromadaire et conducteur se reposent avant la course… © Roger Juillerat
Course de dromadaires dans le désert algérien © Roger Juillerat
La course de dromadaires © Roger Juillerat

De son côté, Mohamed Chaïb, expert en tourisme à la tête de l’agence de voyages Visa Travel, indique que « cet évènement a signé le retour du tourisme saharien et est porteur de grands espoirs: les efforts du ministère de relancer l’Algérie comme destination touristique et plus particulièrement le Sud sont louables et ce festival est une des clés du succès attendu. Le choix de la ville de Ghardaïa n’est pas fortuit non plus, puisque cela permettra la promotion du tourisme aussi bien au niveau régional que national et international, avec la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel dont recèle la région ». Il est vrai que cette ville et sa région sont riches d’attraits historiques et touristiques.

Une grande oasis

Ghardaïa est située à 600 km au sud d’Alger, au fond d’une grande oasis qui regroupe également quatre autres villages fortifiés, les Ksars comme on les appelle là-bas: Béni Isguen,

© Roger Juillerat
Un enfant à Béni Isguen © Roger Juillerat

Melika, El Atteuf et Bou Nouva.

Tous sont situés dans cette grande palmeraie étonnamment verte de la vallée du M’Zab.

Vue de El Goela en Algérie - © Roger Juillerat
L’une des oasis © Roger Juillerat

La main de l’homme a pu dompter l’eau des oueds grâce à des barrages de fortune qui la canalisent en cas de pluie vers des citernes enterrées. Ailleurs, d’ingénieux forages pompent l’eau pure de la nappe aquifère. Se promener dans les ruelles de Ghardaïa est un véritable moment de bonheur pour sympathiser avec les habitants assis devant leurs maisons d’argile pour certaines, de pierre pour d’autres.

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Enfants et ados se donnent aux joies du ballon même s’il n’y a pas de terrain de foot dans les parages. © Roger Juillerat
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Le souk et les marchés sont bien entendu incontournables. Tout comme le sont la grande place avec ses boutiques d’artisanat, de tapis et vêtements aux couleurs de l’Orient, et de bijoux. © Roger Juillerat
© Roger Juillerat
A propos de bijoux, en voilà un autre de bijou. © Roger Juillerat

Les dunes qui entourent la cité, avec leur couleur ocre, exercent une attraction irrésistible.

Dunes dans le désert algérien © Roger Juillerat

A dos de dromadaire, il est possible de faire de belles balades. De quoi être littéralement envoutés par ces monticules de sable qui offrent de fantastiques images. Il est aussi possible d’admirer de superbes coucher de soleil avant de dormir à la belle étoile où sous une tente afin de vivre une expérience qui ravira les amateurs du désert.

Dédale de ruelles étroites

On trouvera également un cadre de rêve à Metlili Chaamba, dominée par son imposante mosquée, et au Ksar de Béni Isguen, perché sur la rive droite de l’oued M’Zab. Après avoir franchi sa porte de l’Est, on suit tout un dédale de ruelles étroites et de traboules[2] pour monter les escaliers jusqu’à la tour de guet appelée «Boulilla».

© Roger Juillerat
© Roger Juillerat

D’où la vue panoramique sur la palmeraie vous fait oublier l’effort que vous avez fourni pour y parvenir… Au retour, il faut aller voir le petit musée situé dans l’enceinte de la mairie de Beni-Isguen. Son architecture représente le rez-de-chaussée d’une maison mozabite[3] où l’on peut découvrir les produits de tissage traditionnel comme les tapis aux différents motifs et couleurs, les châles, des objets en ferronnerie, ainsi que des ustensiles de cuisines d’autrefois et une petite chambre nuptiale des années 50…

Ghardaïa et sa région sont donc un point de départ incontournable pour qui veut découvrir le Sahara algérien, que ce soit vers l’est et Timimoune, l’ouest vers Janet ou le sud vers Tamanrasset.

B&B caravanserail - © Roger Juillerat
Un ancien caravansérail est devenu un moderne hôtel B&B © Roger Juillerat

Dans notre prochain article, nous rejoindrons Timimoune puis Beni Abbes, Thajit et Bechar, en traversant d’autres Ksar tout aussi pittoresques et accueillants sur la route saharienne. Dont on a parfois l’impression qu’elle n’en finit pas.

Le sable crie

Je me souviens d’avoir lu dans le magazine Géo que de nombreux voyageurs racontent qu’ils ont entendu le sable crier. C’est ce que l’on nomme le chant des dunes. Les nomades attribuent ce tam-tam au génie des ergs (champs de dunes). Il s’agit tout simplement du crissement des grains de sable. Sous l’action du vent, roulent sans cesse les uns contre les autres. Les creux des dunes forment des caisses de résonance. Dans le silence, le bruit enfle, se multiplie et se propage. Lors d’une de nos étapes, je l’ai entendu crier, ce sable. Ce n’était donc pas un mirage.

Ecoutez et regardez: https://cultea.fr/avez-vous-deja-entendu-chanter-les-dunes.html.

Mais tout compte fait, je préfère encore le glouglou de la cérémonie du thé.

Prendre le thé dans le désert du Sahara algérien - © Roger Juillerat

À suivre


[1] Au Sahara algérien, il y a des dromadaires et non pas des chameaux. Le dromadaire est du reste un animal commun dans les régions désertiques du Sahara. Les dromadaires sont souvent utilisés comme moyen de transport et pour leur lait et leur viande. Les chameaux, eux, sont principalement associés aux déserts de la région moyen-orientale et de l’Asie.

[3] Ce qui veut dire être originaire du Mzab. Mzab signifie un groupe d’oasis du Sahara septentrional.

[2] Les traboules sont des raccourcis qui relient une rue à l’autre à travers un ou plusieurs immeubles.