Comme toujours, notre magazine Découverte se doit de découvrir pour vous des sujets ou des personnes hors du commun. Cette fois-ci, la rédaction a envoyé sa journaliste Josy Meyer suivre les traces d’une artiste-peintre : Fabienne Favre qui la reçoit dans sa demeure à Valeyres-sous-Montagny, dans le canton de Vaud, en Suisse.

Fabienne Favre, artiste-peintre
Fabienne Favre, artiste peintre.

Fabienne, parlez-nous de votre parcours

Née à Romanel-sur-Lausanne, j’y ai passé mon enfance. Puis nous avons déménagé dans la région d’Yverdon-les-Bains. En sortant de l’école, j’ai trouvé un apprentissage de « peintre en publicité et décoration ». J’ai tout de suite adoré cette formation. Vivant modestement et étant économe, j’’ai réussi à mettre de l’argent de côté. J’avais un rêve. Je voulais faire un tour du monde. Oui, mais il s’est arrêté en Asie. J’y ai résidé pendant presque 2 ans. Lorsque je suis revenue en Suisse, la crise économique sévissait. Je ne trouvais pas de travail. J’ai alors décidé de partir à Nice pour y intégrer une école de décoration. J’y suis finalement restée 5 ans. De belles rencontres avec des décorateurs m’ont permis d’apprendre et d’être initiée aux fresques, aux patines et aux peintures «trompe l’œil». Ainsi, de nouvelles passions sont nées. Un heureux hasard m’avait fait rencontrer une peintre en lettres. Mon orientation était née.

Votre famille vous a-t-elle soutenue dans vos choix artistiques ou vous êtes-vous faite toute seule?

J’ai surtout été soutenue pour persévérer dans cet apprentissage, alors que mon premier choix s’était porté sur le métier de potière. Mes parents ne m’avaient pas encouragé à poursuivre cette voie-là.

Un nouveau chapitre de vie artistique

Outre-mer, une création de Fabienne Favre.
Outre mer – Acrylique sur bois.

Un beau matin, une question m’est venue à l’esprit: «Et si un jour je n’arrivais plus à monter sur une échelle pour travailler sur de grands murs? Que se passerait-il?» C’est alors que l’idée m’est venue de peindre sur des supports beaucoup plus petits. D’où la naissance de mes toiles.

Donc, vous peignez sur des toiles… avec de la peinture à l’huile?

Non, je peins à l’acrylique. Et comme j’ai appris à travailler les feuilles d’or, d’argent et de cuivre, je les intègre parfois à mes tableaux. Et puis, il y a aussi ma spécialité: les lettres!

Magnifiques ces lettres, dites-nous en davantage…

Après mes premiers amours de « peintre en lettres », j’ai complété ma formation par des stages de calligraphie. Je procède par plusieurs étapes pour la création de mes toiles. Je m’attèle d’abord à créer un fond de couleur avec un effet patiné, sablé ou marbré. Je laisse sécher la peinture 1 à 2 jours. Puis je travaille la lettre à main levée. Pour la mise en place des mots, j’ébauche avec de la craie ou du fusain, facile à effacer par la suite. Le trait de ma main est sûr, parce que j’ai de l’expérience. N’allez toutefois pas croire que c’est d’une facilité enfantine. Oh non! La lettre se construit, se structure. Elle a une certaine forme et un équilibre qui vise l’harmonie. Bon, si je me trompe, j’ai toujours un chiffon humide pour effacer l’erreur. J’utilise une peinture diluée qui me servira de point de départ pour peindre les lettres et au fur et à mesure, j’accentue la lettre avec de la peinture plus épaisse, jusqu’à satisfaction du résultat.

La couleur est plus forte que le langage[1]

Chez Jules, une création de Fabienne Favre.
un client, Jules, a demandé une peinture pour une devanture de boutique.

L’artiste peintre que vous êtes devenue a sans doute des couleurs de prédilection, non?

Évidemment. J’ai une attirance particulière pour le turquoise et les couleurs de la terre, comme l’ocre, la sienne et la terre d’ombre.

Comment trouvez-vous l’inspiration ou des idées?

Mes inspirations viennent d’intuitions. Mais aussi de flash, souvent puisés de Mère Nature. Je suis dirigée vers un tableau vierge, puis l’image m’apparaît et j’imagine le tableau accompli. Exemple, comme j’apprécie le vin, j’ai créé un tableau sur fond bordeaux avec des appellations de grands crus dans leur calligraphie originale.

Je pense que cela aussi pourrait intéresser les vignerons de chez nous. Je fais de même avec des mots, des phrases ou thèmes qui m’inspirent.

Quels formats préférez-vous? Avez-vous des supports de prédilection?

Voyez-vous, c’est cyclique. Cela va des formats carrés aux rectangles longilignes, peints tantôt à la verticale, tantôt à l’horizontal. Il y a bien sûr, parfois, les toiles mais ce sont surtout des supports en bois que j’utilise parce qu’ils me sont demandés.

Qui vous commande vos tableaux?

Carpe diem, un tableau de Fabienne Favre.
Carpe Diem – Acrylique sur bois

Mes tableaux sensibilisent. Ils sont accessibles à un large public, car je peins des sujets très variés. Avec une large palette de couleurs aussi. J’ai remarqué que mes clients ont eu un coup de cœur spontané lorsqu’ils ont découvert l’une ou l’autre de mes œuvres. Ou alors, ils me demandent de faire quelque chose de particulier pour eux.

Dans quel espace, dans quel habitat vos toiles sont-elles le mieux mises en valeur?

Mes tableaux s’intègrent aussi bien dans un univers urbain que traditionnel ou ancien.

Y a-t-il un grand et célèbre artiste qui vous inspire?

Non! Je crée sans la moindre référence ou influence artistique. J’aime ce que je fais et je fais ce que j’aime, ce qui me fait plaisir. J’ose donc prétendre que la voie que je poursuis est assez unique en son genre.

Avez-vous songé à illustrer des livres?

Non, car j’aime travailler seule, sans contrainte de partenariat.

Vous pourriez recenser vos diverses peintures dans un livre d’art, non?

Oui, pourquoi pas, mais ça, ce serait tout un programme.

Comment trouvez-vous des acquéreurs de vos peintures?

Je n’ai pas encore eu l’occasion de proposer mes créations au grand public. Actuellement le bouche à oreilles fonctionne bien, mais je serai heureuse d’être contactée par des galeristes. Je précise qu’il m’est également possible d’accomplir des œuvres sur commande avec un message personnalisé pour un cadeau ou une occasion particulière. J’en ai déjà réalisé pour des mariages, des inaugurations,  des départs à la retraite et des anniversaires.

Une création de Fabienne Favre.
Les grands crus de France – Acrylique sur bois.

Que penseriez-vous de l’idée qu’un magazine international comme le nôtre « Découverte », crée un jour en plus, une galerie d’art virtuelle?

 Le virtuel est tout nouveau pour moi. Je ne demande qu’à le découvrir. Je serais prête à exposer mes toiles sur la « Toile ». De cette façon, un plus grand nombre de personnes, d’amateurs ou de professionnels des métiers d’arts, auraient accès à ma collection. Musique d’avenir sans doute…

Fabienne, avez-vous un souhait?

Je suis plutôt timide, mais j’aurai une certaine satisfaction à me faire connaître au-delà de mon environnement actuel. Être présente à des inaugurations et vernissages. Il ne faudrait pas que je doive prendre la parole. Oh non….Mon mari sera un bien meilleur orateur que moi. (Rires)

Le mot pour conclure?

Vive la liberté!

Propos recueillis par Josiane Meyer, journaliste auprès de Découverte magazine


[1] Ce titre est emprunté à la citation de MarieLaure Bernadac, actuellement conservatrice générale du patrimoine chargée de l’art contemporain au Louvre.