Vallabrègue, ça vous dit quelque chose? J’en parle dans l’article L’ultime vannier de Vallabrègue. Ce village s’est distingué par un produit végétal sauvage, car jusque dans les années de 1950, on y récoltait des osiers sauvages. Je vous ai dit que je vous donnerai davantage de détails sur ce végétal dans notre rubrique Nature. Chose promise, chose due.

L’osier? Tout simplement du saule

Bien sûr comme pour tous les végétaux, il y a plusieurs et différentes espèces. Daniel Benibghi, le dernier vannier de Vallabrègue m’a montré son champ de Salix purpurea helix. C’est le saule pourpre.

Cette variété a de très longues pousses avec une tige bien régulière. Plus elle est régulière, mieux vaudra pour le vannier, car il lui sera plus facile de la travailler. Son écorce devient vert clair. Il y a aussi un osier plus ou moins grand, présentant de grosses feuilles. C’est le Salix fragilis qui est assez souple., Une fois épluché, il fera de l’osier blanc. Ensuite, il existe le  Salix purpurea x daphnoïdes. C’est un osier qui pousse long et qui est très fin. On l’utilise en osier brut, car quand il est sec il a une jolie couleur noir verdâtre. Il existe aussi l’osier vert (Salix viminalis), qui peut atteindre une hauteur de 3 à 6 m.

Comment Daniel Benibghi cultive-t-il son osier ?

D’après ses commentaires, il prépare son terrain en le labourant à la machine. Puis, pendant l’hiver, il tire des cordeaux espacés de plus ou moins 80 cm le long desquels il plante des boutures à 20 cm les unes des autres. Elles sont faites à partir de morceaux de branches qu’il enterre complètement. La récolte se fait après la première gelée, à Vallabrègue  vers janvier. Il constitue alors des bottes de branches de différentes longueurs, de 1 mètre à 2,60 mètres, voire davantage.
Il lui faut ensuite bien réfléchir car, soit il les gardera comme osier brut avec leur écorce pour certaines variétés plus ou moins foncées, soit au contraire, il les mettra dans un bassin les pieds dans l’eau. L’osier pourra ensuite monter en sève jusqu’au mois de mai. À ce moment-là, la peau se décollera plus facilement. Il consacrera alors tout son temps à l’épluchage. Il en retirera de l’osier blanc. Puis il le rincera et le fera sécher un après-midi entier en plein soleil. Il pourra aussi le mettre plus longtemps au grenier où il murit. De cette façon, la qualité de l’osier n’en sera qu’améliorée.

L’osier a-t-il des ennemis?

Le chrysomèle versicolore
Le chrysomèle versicolore.

Daniel Benibghi m’explique que l’osier, lui aussi, peut avoir des ennemis. Par exemple, il peut souffrir du mildiou. Des insectes comme les chrysomèles, les mêmes que celles du peuplier peuvent aussi s’attaquer à l’osier.

Le chrysomèle versicolore du saule
Daniel Benibghi estime avoir un peu de chance à Vallabrègue, car son oseraie n’est pas trop agressée. Il assure aussi ne jamais mettre de produit phytosanitaire. S’il voit des chrysomèles au printemps, il passe tout simplement avec son petit panier en osier (dame, si ce n’est pas de la passion du métier ça !). Il les ramasse et les détruit, mais sans le moindre produit.