Par Nikola Panajotovic médecin-dentiste
L’art dentaire a prodigieusement évolué. Tout comme les connaissances sur le microbiote1 d’ailleurs.
Sachez qu’il existe différents types de microbiotes: cutané, intestinal, oculaire, respiratoire, uro-génital et, évidemment, buccal. En tant que médecin-dentiste, je reviendrai donc aussi souvent au microbiote buccal. En effet, une défaillance de l’hygiène bucco-dentaire peut contribuer à l’apparition de certaines maladies, intestinales, cardio-vasculaires, pulmonaires et même cérébrales. Ou de les accélérer. D’où l’importance de bénéficier de soins dentaires de haute qualité.
L’évolution des soins dentaires
Depuis une quinzaine d’année, l’art dentaire a fortement évolué. Déjà dans sa thèse de doctorat soutenue en 2005, Marie-Emmanuelle Franiatte cite: «Les patients sont de plus en plus demandeurs de soins s’intégrant au sourire: ils désirent «un pansement couleur dent». Les inlays/onlays collés en céramiques de laboratoire (le cas idéal) répondent à cette attente2. Ce phénomène a amené des soins dentaires qui ont progressivement évolués vers des soins à forte composante esthétique. Au cours d’une bonne décennie après l’an 2000, cette évolution a pu se faire non seulement par la mise au point de nouveaux matériaux, mais aussi grâce à des avancées techniques dans le domaine du collage3. Je préconise l’onlay à mes patients comme étant une alternative conservatrice aux couronnes dites classiques. Les onlays permettent de restaurer une dent bien autrement que par une résine volumineuse. Quant à la fiabilité à long terme, j’y reviendrai plus loin.
Les inlays et les onlays
Un inlay est une prothèse destinée à combler la cavité d’une dent cassée ou cariée. L’onlay est également une prothèse, mais qui – cette fois –recouvre une partie de la dent abîmée. Dans le premier cas comme dans le second, cette prothèse se fabrique sur mesure dans un laboratoire spécialisé.
La matière mise en œuvre peut être de l’or, de la céramique ou de la résine composite. La première est plutôt onéreuse. Compte tenu des exigences des patients et bien qu’elle présente une longévité exceptionnelle et d’excellentes performances cliniques à long terme, elle tend à être remplacée par des matériaux plus esthétiques. Les patients préfèrent en effet disposer de teintes adaptées au reste de la dentition, ce qui est possible avec la résine composite et la céramique.
En matière de céramique, il y a aussi les nouvelles céramiques pressées ou celles usinées par CFAO. Un public francophone pourra lire à ce propos avec intérêt une thèse soutenue en 20134.
Dix milliards de bactéries dans notre bouche
Comme les facteurs de succès dépendent essentiellement:
- du patient,
- du praticien,
- du matériau choisi
- des indications et contre-indications des onlays.
je vais d’abord vous parler du patient, donc de vous.
Disons d’abord que les études internationales, dont celle de J.Mark Welch et al, intitulée Biogeography of a human oral microbiome at the micron scale5 et faisant aujourd’hui autorité, établissent que la colonisation microbienne du nouveau-né débute dès la rupture de la membrane amniotique.
Le microbiote buccal chez le bébé
Alors à 2 ans, alors que quelque 16 à 20 dents de lait ont percé, il acquiert son microbiote buccal qui restera quasiment stable tant qu’il vivra. Si les bactéries buccales sont la cause principale de pathologies infectieuses locales, dont caries et maladie parodontale, on peut espérer repérer une parodontite naissante par la seule analyse du microbiote. Des études révèlent par ailleurs que plus de 85 % des microbiotes buccaux de la mère et du nourrisson pourraient être communs, mais seulement pendant les tout premiers mois de vie de l’enfant. Vient alors la lolette qui va poser une série de problèmes. Si la lolette permet certes de combler le temps entre les heures d’allaitement chez les bébés dotés d’un instinct de succion assez prononcé, têter une lolette en permanence risque éventuellement d’endommager la mâchoire et les dents.
Trop souvent encore la maman ne pense pas à passer la lolette sous l’eau courante et la met dans sa propre bouche avant de la donner à son enfant. Les propres bactéries contenues dans la salive de la mère se transmettent alors à l’enfant. Et l’on s’étonne que de jeunes enfants peuvent avoir des caries… L’hygiène bucco-dentaire est donc cruciale! Pour la réussite de l’intervention, le patient devra donc y mettre aussi du sien, donc coopérer. Bien sûr, l’environnement oral, dont la valeur intrinsèque de la dent, son environnement, etc. jouent également un rôle primordial. Pensez à corriger vos mauvaises habitudes et comportements agressant vos dents.
Voulez-vous quelques exemples ?
En voici :
- Se ronger les ongles,
- sucer son pouce,
- serrer et grincer des dents,
- se servir de vos dents pour ouvrir des emballages ou pis, une bouteille,
- mordre sur votre piercing de la langue ou de la lèvre.
- Et arrêtez si possible de fumer…
À suivre…
1Le microbiote est la communauté des microbes (bactéries, levures, virus, archées) associés à une niche écologique particulière.
2En page 119 Marie-Emmanuelle Franiatte. Les reconstitutions partielles collées : inlays et onlays céramiques et composites. Sciences du Vivant [q-bio]. 2005. hal-01734042
3Magne P, Knezevic A. Simulated fatigue resistance of composite resin versus porcelain CAD/CAM overlay restorations on endodontically treated molars. Quintessence Int 2009; 40(2): 125-133; Magne P, Knezevic A. Influence of overlay restorative materials and load cusps on the fatigue resistance of endodontically treated molars. Quintessence Int 2009; 40(9): 729-737.
4Rodolphe Bermes-Klaine. La fabrication assistée par ordinateur en prothèse. Sciences du Vivant [q-bio]. 2013. hal-01739168