Chères lectrices, chers lecteurs, la vocation de notre magazine Découverte est de vous ouvrir les yeux et l’esprit. C’est aussi l’occasion de faire un retour en arrière (un rewind, comme sur les radiocassettes) pour (re)découvrir les créations et technologies du passé qui nous émerveillent encore au XXIe siècle. Je suis donc parti à la rencontre de Régis Olivier, un collectionneur passionné qui nous ouvre les portes de son univers rutilant, qui sent bon le cuir et la gomina.
Bonjour Régis, merci d’avoir accepté de lever le voile sur votre passion. Quelle est la découverte que vous nous proposez aujourd’hui?
Aujourd’hui, on part en virée! Je vous embarque pour un voyage dans le temps à la découverte de belles sensations, à bord d’une Old timer…
Oldtimer? Un instant… Google traduction me dit « vieille minuterie ». On part en cocotte?
Non, pas du tout! Old timer, tout comme vintage car, classic car, véhicule vétéran ou encore voiture d’époque désignent les voitures dont la première immatriculation est antérieure à 1990. C’est aujourd’hui un phénomène qui compte de plus en plus d’adeptes qu’ils soient amateurs, passionnés, professionnels ou investisseurs.
Un univers de passionnés
D’où vous vient cette passion?
J’ai développé cette passion en achetant ma première voiture de collection : une Porsche 356 speedster! Un cabriolet dont je rêvais depuis plusieurs années. Il fait tourner beaucoup de têtes, beaucoup.
Je précise : pour les quadra/quinquas, c’est la voiture de Dylan dans la série culte des années 90 « Beverly Hills ». Et ensuite?
J’ai ensuite acquis une Fiat 500L de 1969, puis une Porsche 911S de 1977 et enfin une Fiat 500D de 1963. Posséder « une vieille voiture », c’est entrer dans le cercle prestigieux des « collectionneurs » . C’est aussi, avec la répression routière plus présente et les changements des comportements au volant, une alternative idéale pour conserver sa passion automobile intacte ainsi que son permis de conduire.
Votre modèle préféré? Celui dont vous rêvez?
Je n’ai pas un modèle préféré… Il y en a tellement! D’une adorable petit Fiat 500, une incontournable Porsche 911 type 901 et autres AC Cobra 427. Évidemment, les choix sont fait avec les opportunités que l’on trouve, des plus populaires aux plus exclusives sans jamais mettre de côté l’affect. Mon rêve, un cabriolet AC Cobra 427!
Pourquoi l’AC Cobra?
Une ligne à couper le souffle, un moteur V8 qui transpire les US, un bruit typique et des performances dignes des sportives contemporaines.
Qui sont les aficionados? Ont-ils un profil-type?
Les propriétaires de voitures de collections sont très différents. Amateur qui recherche la voiture qu’il a connu plus jeune, collectionneur qui accumule les plus belles et les plus rares ou l’investisseur à la recherche d’un bon placement qui achète, stock et revend.
Nostalgie ou spéculation?
Y’a-t-il une dimension sentimentale, nostalgique?
La nostalgie est l’un des points commun de tous ces propriétaires mais pas que. Pour ma part, je recherchais un cabriolet sportif contemporain. Mais, l’idée de perdre 50% de sa valeur en 2 ou 3 ans, de voir les points de son permis de conduire s’envoler, m’ont amené à choisir un véhicule de collection. Le plaisir de «cruiser», de partager, d’admirer…
Par ailleurs, il faut savoir qu’une auto de collection bien entretenue peux être utilisée au quotidien sans craindre la panne.
Est-ce un produit d’investissement? Spécule-t-on sur les voitures anciennes comme sur les oeuvres d’art?
Le marché des véhicules de collection est un investissement qui peut s’avérer intéressant comme le sont les grands vins ou les œuvres d’art. J’ai un exemple concret qui le démontre :
des fonds d’investissement achètent des Porsche 911 (type 901 ou type G), ils les stockent, ils assèchent ainsi le marché et ils les revendent avec un bénéfice colossale… Bref, un exemple de spéculation.
Quels sont les modèles les plus recherchés? Les plus plébiscités? Quels sont les prix?
Les modèles les plus recherchés sont les plus rares. La les côtes de ces voitures s’envolent!
L’avantage du marché de la voiture de collection, c’est que chacun peut trouver sa voiture en adéquation avec son budget. De quelques milliers d’Euros, à plusieurs millions d’Euro. Vous voyez vous trouverez certainement la votre.
Comment entrer dans le club?
Quels conseils me donneriez-vous si je voulais acheter une voiture de collection aujourd’hui?
Un conseil pour l’achat de votre première voiture de collection : vous faire accompagner d’un amateur éclairé ou d’un pro. Vous éviterez ainsi l’achat d’un véhicule trop rouillé, d’une mécanique fatiguée qui engendreront des frais trop important par rapport à la côte du véhicule.
En résumé, il est stupide d’acquérir un véhicule dont le montant des dépenses de restauration sera supérieur à la valeur finale de l’auto… Sauf si l’histoire ou l’affectif de l’auto l’emporte sur tout.
Est-il facile de retaper une vieille caisse aujourd’hui? Pour un néophyte? Quel sont les pièges à éviter?
La restauration d’une voiture de collection demande l’intervention de nombreux métiers (sellier, carrossier, mécanicien, électricien …) donc si vous êtes néophyte, portez votre choix sur des projets simples, ne vous lancez pas sur une restauration qui n’en finira jamais ! Ce doit-être un plaisir. Choisissez une voiture qui roule, sans rouille importante et de conception simple.
Un marché prometteur
Comment voyez-vous l’évolution du marché dans 5, 10, 20 ans?
Tout d’abord, le marché est stable, les réglementations de circulation des véhicules de collection ce sont mêmes assouplis, plus confortables au quotidien.
Une nouvelle catégorie apparaît depuis plusieurs années, les Youngtimer (véhicule de plus de 20 ans) cela démontre également la vivacité et l’engouement pour notre activité.
Par ailleurs, l’engouement croissant pour les véhicules de collection a donné naissance a un nouveau secteur économique. Ainsi, en France, en 2017, la Fédération française des véhicules d’époque a révélé les données suivantes : un chiffre d’affaire généré de 3 milliards d’Euros, plus de 2000 entreprises spécialisées (mécanique, carrosserie, sellerie, vente de pièces détachées en ligne…).
Enfin, l’ensemble de ces acteurs économiques, nous garantissent, pour de nombreuses décennies, la possibilité de voir sur nos routes nos belles anciennes ; des plus prestigieuses comme la Jaguar type E ou la Mercedes SL 300 Gullwing aux plus populaires telles que la Fiat 500 et autres 2 CV Citroën sans oublier les plus sportives Porsche 911 et première Alpine A110 Berlinette. Il y aurait tellement à nommer!
Le mot de la fin?
Au volant de nos autos, chacun de nous en conviendra, on s’offre une parenthèse, un art de vivre animés par l’esthétique, la nostalgie, les sensations de conduite « sans assistance »… Place à la différence!
Chères lectrices, chers lecteurs, lors de vos prochains trajets routiers, ouvrez les yeux et vous croiserez peut-être le chemin de Régis sur les belles routes helvétiques ou françaises. Retrouvez Régis & Laurent sur leur page Facebook Label Epoque.